Lotropedia - Personnages - Elfes - Fëanor ou la Chute des Noldor

Alors Fëanor fit un serment terrible, un serment que nul ne pourrait reprendre même au nom d'Ilùvatar, sans attirer sur sa tête les Ténèbres Eternelles. Il prit pour témoin Manwë et Varda et les hauteurs sacrées du Taniquetil et jura de poursuivre de sa haine et de sa vengeance jusqu'aux confins du monde tout Valar, Démon, Elfe, tout Homme ou tout être encore à naître, toute créature grande ou petite, bonne ou mauvaise qui pourrait venir au monde jusqu'à la fin des temps et qui aurait un Silmaril en sa possession. Noldolantë

Fëanor fut le fils aîné de Finwë, qui était Roi des Noldor à Valinor, et de Miriel. Le vrai nom de Fëanor était Curufinwë, mais sa mère le surnomma Fëanaro (« Esprit du feu » en quenya, Fëanor en sindarin) car il brûlait d'une énergie dévorante qui consuma les forces de Miriel plus que ne l'auraient fait de nombreux enfants normaux, si bien qu'elle alla un jour se coucher dans les jardins de Lorien et ne se réveilla jamais plus. Finwë la pleura longtemps puis se remaria à Indys des Vanyar, et Fëanor eut deux demi-frères, Fingolfin et Finarfin.

Fëanor grandit et forcit plus vite que tous les autres, et il devint rapidement le plus brillant des Noldor, les plus doué des Elfes. Une flamme secrète semblait l'animer en tout ce qu'il faisait : il inventa les caractères qui portent son nom, et qui composent l'écriture elfique, il découvrit l'art de créer des gemmes sans pareilles, et il eut sept fils de Nerdanel, la fille du forgeron préféré d'Aulë.
Alors que Valinor était à son Midi, Fëanor entreprit son chef-d'oeuvre : trois gemmes inégalées en taille et en perfection, dont l'éclat mêlait la Lumière des Deux arbres. Il les nomma Silmarils, et leur pouvoir était tel que nul en Arda ne pouvait les détruire ni les salir.

A cette époque, Melkor avait purgé sa peine et avait demandé la pardon de Manwë, si bien qu'il était à Valinor, et devant la splendeur des Silmarils une jalousie dévorante le prit. Il voulut faire croire à Fëanor que les Valar complotaient pour s'emparer des pierres, mais le fils de Finwë perça le mensonge à jour, et renvoya Melkor, l'être le plus puissant d'Arda, avec des menaces et des mots de mépris.

Humilié, celui-ci alla alors trouver Ungoliant, une araignée monstrueuse présente depuis la création du monde, et avec elle empoisonna les Deux Arbres, puis tua Finwë qui gardait les Silmarils en l'absence de son fils. Ensemble ils s'enfuirent vers le Nord des Terres du Milieu, laissant Aman profané et ensanglanté.

Les Valar réunis en Conseil apprirent d'abord la mort des Deux Arbres, et ils demandèrent à Fëanor de leur céder ses Silmarils, afin que tous profitent de leur beauté et se souviennent de la Lumière d'Aman. Mais par là les mensonges de Melkor semblèrent devenir réalité, et Fëanor défia Manwë.
On apprit immédiatement après que Finwë était mort, premier des Elfes à connaître une fin violente, et que les Silmarils avaient disparu. Fëanor maudit alors Melkor, et l'appela Morgoth (« Noir Ennemi du Monde »). Il quitta alors seul le Conseil.

Lorsqu'il revint, il était armé de pied en cap, et devant les Noldor réunis il se lança dans une fière harangue. Il accusa les Valar, et rejeta Aman, qui n'était plus béni par la Lumière. Il proposa de revenir en Terres du Milieu pour y terrasser Morgoth et y vivre. Et ses sept fils vinrent à ses côtés lorsqu'il prêta un serment terrible qui scella son sort. Tant de folie choqua Fingolfin et Finarfin qui tentèrent de raisonner les leurs, mais Fëanor avait embrasé les coeurs et les esprits, et presque tous prirent la route de l'Est. Finarfin fut le seul prince noldo à rester à Valinor, les autres n'écoutèrent pas le héraut de Manwë qui les mettait en garde contre une rébellion déraisonnée.
Arrivé à Alqualondë, le port des Teleri, avant tout le monde, Fëanor exigea des navires pour rallier les Terres du Milieu. Mais Olwë les lui refusa, car c'est le rôle d'un ami que de s'opposer aux errements de ses proches. Fëanor et les siens se jetèrent alors sur les marins, et lorsque le gros des Noldor arriva, il vit les siens aux prises avec les Teleri sans savoir la raison de la querelle. Ils se jetèrent au secours de leur plus proches parents, et c'est ainsi que Fingolfin et les siens prirent part au massacre d'Alqualondë aux côtés de Fëanor et des siens. La Maison de Finarfin était partie dernière et arriva après la bataille, ainsi les enfants d'Earwen des Teleri sont innocents de l'assassinat des leurs.

Lorsque tout fut consommé, Mandos lui-même apparut aux Noldor et proféra la Malédiction du Nord, qui condamnait le peuple fratricide à connaître la peur, la souffrance, la trahison et le déclin et Terres du Milieu.

Mais l'irréparable était commis, trop tard pour reculer. Fëanor et les siens prirent les blancs navires de leurs victimes et traversèrent la Grande Mer. Et là, au lieu de renvoyer les marins chercher les Maisons de Fingolfin et de Finarfin, ils brûlèrent les bateaux, ne laissant aux autres que le passage par Helcaraxë, le Chaos de Glace, un continent désolé, battus par les tempêtes et le froid. Nombre de Noldor moururent pendant la Traversée, et ils versèrent les premières des « larmes sans nombre » que leur avait promis Mandos.

De son côté, Fëanor fut rapidement assailli par les armées de Morgoth, mais les Noldor étaient forts, et ils écrasèrent leurs adversaires. Fëanor lui-même, comme ivre de rage, ne voulut pas attendre et poursuivit les fuyards jusqu'en vue des portes d'Angband, la forteresse du Mal. C'est alors que les fuyards se retournèrent, et il était seul, nul n'ayant réussi à suivre sa charge insensée. Il mourut terrassé sous le nombre, mais son corps ne fut jamais profané, car à l'instant où la vie le quitta son corps s'embrasa et disparut dans une flamme blanche.

Ainsi passa Fëanor, dont la vie engendra la plus grande beauté et les plus grands malheurs.