Lotropedia - Personnages - Maiar - Elwë et Melian

Elwë fut l'un des trois princes elfes qui acceptèrent de suivre Oromë jusqu'en Aman dès le départ. Il a donc vu la Lumière des Deux Arbres, c'est à ce titre l'un des Eldar. Il était réputé pour sa très grande taille et sa robe grise lui valut le surnom de Singollo (robe grise en quenya).

Revenu au lac de Cuivénen, il convainquit les siens, les Elfes Teleri, de faire route vers Valinor. Mais les Teleri n'étaient pas pressés de quitter les terres du Milieu, et ils s'arrêtaient souvent pour visiter les forêts qu'ils traversaient en chemin. Un jour qu'Elwë s'était aventuré seul dans la forêt de Nan Tathren, il entendit les rossignols chanter, et une voix s'éleva à l'unisson. Intrigué et charmé, Elwë s'enfonca toujours plus profondément dans les bois à la recherche de la chanteuse, jusqu'au coeur même de Nan Tathren. C'est là, au coeur d'une clairière secrète, qu'il vit Melian chanter.
Melian était une Maia de Lorien qui avait quitté Valinor pour profiter des beautés de la Terre du Milieu. Sur son visage resplendissait la Lumière d'Aman, et son chant charmait même les Valar.
Séduit par sa beauté, ensorcelé par sa voix, Elwë s'approcha, et lorsque leurs regards se rencontrèrent, ils tombèrent sous un charme étrange. Tandis qu'ils restaient immobiles l'un en face de l'autre, les feuilles autour d'eux jaunirent, tombèrent, puis repoussèrent, prospérèrent, et rejaunirent, et retombèrent... De plus en plus vite. Les arbres de la clairière grandirent, forcirent, vieillirent, dans le ciel les nuages défilaient à toute vitesse.

Le peuple d'Elwë Singollo s'inquiéta de l'absence de son roi et partit à sa recherche, mais jamais il ne trouvèrent la clairière où Elwë et Melian se tenaient, oublieux de tout ce qui n'était pas eux. En désespoir de cause, le frère d'Elwë, Olwë, devint le nouveau roi des Teleri, et reprit la marche avec ceux de son peuple qui désiraient encore vivre en Aman.

Longtemps après, Elwë et Melian sortirent de la forêt main dans la main. Les Teleri qui étaient restés en Terres du Milieu, les Sindar, se rallièrent à lui qui était leur premier prince, et le plus puissant puisque dans ses yeux brillait la Lumière des Deux Arbres. Ils fondèrent Doriath, un royaume puissant car ils étaient nombreux, et que Melian offrit sa sagesse et ses pouvoirs à celui qu'en sindarin on appela Elu Thingol. La capitale de Doriath fut Menegroth aux Milles Cavernes, et Melian sanctifia les forêts à l'entour, afin que nul mal ne pénètre sur ses terres. Aussi longtemps qu'il dura, l'Anneau de Melian resta un havre de paix impénétrable même pour ses plus puisants adversaires, et il ne faillit que deux fois.

Lorsque les Noldor revirent en Terres du Milieu ils s'installèrent et à l'exception des enfants de Finarfin (apparentés à Thingol par leur mère Teleri), ils fondèrent des royaumes sans consulter Thingol, pourtant roi de tous les Sindars qui parcouraient ces terres avant le retour des Révoltés. Thingol était fier, et il fut courroucé de cette impertinence... Mais lorsque Galadriel finit par avouer à Melian le Massacre d'Alqualondë, son courroux éclata vraiment, et il était terrible. Il ferma l'Anneau de Melian à tous les Noldor sauf à Felagund, Orodreth, Angrod, Aegnor et Galadriel, et interdit à tous les Sindar d'employer le quenya, la langue de ceux qui avaient fait couler le sang des Teleri. Jamais par la suite il ne s'allia aux fils de Fëanor, même lors de l'Union de Maedhros.

Thingol et Melian eurent un seul enfant, une fille dont la beauté ne fut jamais égalée par aucun autre Enfant d'Ilùvatar. Elle portait en elle la beauté d'Aman, et la douceur de son chant lui valut le surnom de « rossignol » en sindarin. Luthien Tinuviel était le plus grand trésor de Thingol, il aurait tout sacrifié pour elle...

Aussi lorsque Beren, un Humain en haillons, un simple mortel, un être si grossier et si limité, entréclandestinement à Doriath, vint lui demander la main de Luthien au coeur de Menegroth, il faillit le tuer lui-même. Sa colère lui inspira alors un serment terrible : il jura de ne donner sa fille qu'à celui qui irait arracher un Silmaril de la couronne de Morgoth, au plus profond d'Angband. Beren accepta l'épreuve et se mit en route, mais Melian prédit alors que par ce serment le sort de Doriath était scellé. Celui-là qui désirait l'oeuvre de Fëanor ne serait-ce qu'en paroles réveillait en effet le terrible serment de ses fils, et la malédiction qui y était liée. Thingol ne répondit rien et fit enfermer Luthien.
Le Lai de Leithian raconte la Quête de Beren, et comment il advint que Carcaroth, le loup monstrueux, forca l'Anneau de Melian grâce au Silmaril qui brûlait ses entrailles.
Elu Thingol partit alors à la Chasse au Loup, et lorque le monstre se jeta sur lui, Beren s'interposa pour sauver le roi.

Quand Carcaroth fut mort, le dévouement de Beren et le succès de sa quête ramenèrent Thingol à de meilleurs sentiments, et il consentit enfin à laisser partir Luthien. Néanmoins il lui en coûta, et par la suite il sembla à tous comme affaibli.

Bien des années après, Hurin ramena à Menegroth le Nauglamir, un superbe collier forgé par les Nains pour Felagund. Thingol voulut que les orfèvres de Nogrod y sertissent son Silmaril, mais lorsque les Nains virent le résultat de cette alliance entre les plus belles créations des Elfes et des Nains, ils la voulurent pour eux-mêmes. Thingol perça leur âme à jour, et seul au milieu des orfèvres il les insulta. De rage, les Nains se jetèrent sur lui... Il mourut au fond de son palais, et son dernier regard fut pour l'éclat sans pareil du Silmaril.

Les orfèvres nains furent exterminés, mais endeuillée par la mort d'Elu Thingol, Melian quitta les Terres du Milieu et laissa Doriath sans protection face à la guerre contre Nogrod qui s'annonçait.