Les Hauts des Galgals

Sur les conseils de Tom Bombadil et de Baie d'Or, je pris le chemin qui devait me mener dans la partie Nord des Hauts des Galgals. J'avais une certaine appréhension après mon escapade dans la Vieille Forêt et la réputation sinistre du lieu n'arrangeait guère les choses.

On ne voyait ni arbre ni eau : c'était un paysage d'herbe et de gazon ras et élastique, où régnait le silence, hormis le murmure du vent sur les arêtes du terrain et les cris solitaires d'étranges oiseaux dans le ciel.

Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau, livre 1 chapitre 8, J.R.R Tolkien.

Je finis très vite par quitter la forêt et je me retrouvai dans un paysage montueux et désertique. Les nuages étaient bas et une légère brume limitait le champ de vision. Il régnait un silence lourd et pesant, et les sabots de Trotteur produisaient un son dur sur le sol herbeux. Il n'y avait aucune trace de vie alentour et je me sentais terriblement seul.

Au centre se dressait une unique pierre, haute sous le soleil, et à cette heure elle ne projetait aucune ombre. Elle était informe, et pourtant significative : comme un repère, ou un doigt défensif, ou plus encore un avertissement.

Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau, livre 1 chapitre 8, J.R.R Tolkien.

De nombreuses pierres dressées couronnaient la plupart des tertres. Elles étaient sinistres et inquiétantes. On aurait dit de dangereux récifs qui n'attendaient que de briser les voyageurs égarés. L'un deux était particulièrement grand et imposant. Il faisait plusieurs mètres de haut et se dressait là comme une tour lisse et morte. Cela faisait quelques heures déjà que je cheminais et je décidai de faire une brève halte au pied de ce géant de pierre.

Et puis, soudain, il sut qu'il était prisonnier, irrémédiablement saisi; il se trouvait dans un galgal. Un Etre des Galgals l'avait pris, et il était sans doute déjà soumis aux terribles charmes de ces Etres dont parlaient les histoires murmurés de bouche à oreille.

Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau, livre 1 chapitre 8, J.R.R Tolkien.

Je repris ma route en direction du Nord, et la brume semblait devenir plus dense. Je commençais à frissoner, mais pas seulement de froid. Quelque chose faisait naître en moi un sentiment de peur sans que je puisse en identifier clairement la cause. Tandis que je passais près d'un galgal, je vis que sa porte en avait été fracassée et une étrange lueur d'un vert froid et blafard s'en échappait. Je savais que chaque galgal était en fait un mausolée mais je m'attendais presque à voir surgir quelque chose de l'entrée lugubre.

Alors que je commençais à m'éloigner, un mouvement presque imperceptible attira soudain mon attention. A l'intérieur du galgal, à la limite de mon champ de vision, je crus distinguer une forme squelettique entourée par la brume teintée de vert. Je fus aussitôt parcouru d'un violent frisson qui remonta ma colonne vertébrale et me fit tressaillir. A la limite de la panique, je secouai les rennes de Trotteur et m'éloignai à la hâte du galgal.

Ils se trouvaient au sommet d'une pente, et la route, à présent indécise dans le soir tombant, partait en serpentant en contrebas. A cet endroit elle allait presque du sud-ouest au nord-est, et, sur leur droite, elle plongeait rapidement dans une large dépression.

Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau, livre 1 chapitre 8, J.R.R Tolkien.

Après ce qui me parut une éternité, je finis par sortir de l'emprise de la brume et par là même de celle des Galgals. Je débouchai comme prévu au-dessus de la route qui menait à Bree vers l'Est, et à la Comté vers l'Ouest. Cette route si familière me fit presque oublier toutes les mésaventures de ces derniers jours. Je n'avais qu'une seule envie : rejoindre au plus vite la ville et me réchauffer près d'un feu dans le salon du Poney Fringant. Je rejoignis la route au galop.