Chez Tom Bombadil

L'effet de lassitude commençait à s'estomper à mesure que la voix de l'homme approchait par le chemin. Je repris le contrôle de Trotteur et avançai à sa rencontre. Je ne tardai guère à le voir apparaître non sans surprise devant son apparence insolite.

 

La chanson jaillit derechef, et puis, soudain, sautant et dansant dans le sentier, parut au-dessus des roseaux un vieux chapeau cabossé à haute calotte, avec une longue plume bleue fichée dans le ruban. Un nouveau sautillement et un bon amenèrent en vue un homme, ou tout au moins le semblait-il. En tout cas, il était de trop forte carrure et trop lourd pour un Hobbit, s'il n'était pas tout à fait d'assez haute taille pour être un des Grandes Gens, bien qu'il fît assez de bruit pour cela, clopinant sur d'épaisses jambes couvertes de grandes bottes jaunes et chargeant à travers l'herbe et les joncs comme une vache qui descend boire. Il avait un manteau bleu et une longue barbe brune; ses yeux étaient bleus et brillants, et sa figure d'un rouge de pomme mûre, mais plissée de milles rides de rire.

Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau, livre 1 chapitre 6, J.R.R. Tolkien.

L'homme, du moins me semblait-il trop grand pour être Hobbit, était vêtu étrangement de façon assez criarde. Il semblait à la fois vieux et sans âge et j'aurais été bien en peine de lui en donner un. Il se déplaçait en sautillant et me salua arrivé près de moi. Il m'expliqua l'origine de ma lassitude soudaine due au Vieil Homme Saule. Il me demanda où j'allais et je lui répondis que j'étais venu visiter la forêt sans véritable destination. La nuit approchant, il m'offrit gaiement l'hospitalité et je m'empressai d'accepter. Il semblait vivre dans la forêt et il pourrait me raconter beaucoup de choses à son sujet.

 

Le sentier s'étendait devant eux uni, bien tenu et bordé de pierres. Il serpentait jusqu'au sommet d'un tertre herbeux, à présent gris sous la pâle nuit étoilée; et là, encore au-dessus d'eux sur une autre déclivité, ils virent scintiller les lumières d'une maison. Le sentier redescendit pour remonter sur une longue pente de gazon vers la lumière. Soudain, un large rai jaune coula brillament d'une porte qu'on venait d'ouvrir. Devant eux se trouvait la maison de Tom Bombadil sur et sous la colline.

Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau, livre 1 chapitre 6, J.R.R. Tolkien.

Je suivais l'autre Tom qui sautillait sur le sentier, et je ne pouvais m'empêcher d'associer le mot gaieté avec ce personnage haut en couleur. Sa simple présence suffisait à faire naître la joie. Nous finîmes par arriver en vue de sa maison au sommet d'une colline. De la lumière s'écoulait des fenêtres. Je laissai Trotteur aux soins de Tom et je me dirigeai vers la porte d'entrée qui était ouverte. Je pénétrai à l'intérieur avec plaisir pour échapper à la froideur de la nuit.

 

Les quatre Hobbits franchirent le large seuil de pierre et se tinrent là, clignotant des paupières. Ils se trouvaient dans une longue pièce basse, toute emplie de la lumière de lampes suspendues aux poutres du plafond, et sur la table de bois sombre cirée, se dressaient un grand nombre de chandelles, hautes et jaunes, à la flamme brillante.

Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau, livre 1 chapitre 7, J.R.R. Tolkien.

La pièce était extrêmement lumineuse. De nombreuses chandelles étalaient leur clarté jusqu'au dehors. La maison était spatieuse et chaude, bien loin de la petite cabane forestière que j'imaginais au départ. Tom arriva derrière moi et referma la porte. Il me débarassa de mon manteau puis se tourna vers le fond de la pièce. Je fus surpris de découvrir une femme magnifique qu'il me présenta alors.

 

Dans un fauteuil, du côté de la pièce opposée à la porte d'entrée, était assise une femme. Ses cheveux blonds tombaient en longue ondulation sur ses épaules; sa robe était verte, du vert des jeunes roseaux, chatoyant d'argent semblable à des perles de rosée; et sa ceinture était d'or, façonnée comme une chaîne d'iris des marais émaillée des yeux bleu pâle de myosotis. A ses pieds, dans de grands vaisseaux de poterie verte et brune flottaient des lis d'eau, de sorte qu'elle semblait trôner au milieu d'un étang.

Le Seigneur des Anneaux, La Communauté de l'Anneau, livre 1 chapitre 7, J.R.R. Tolkien.

Il me la présenta sous le doux nom de Baie d'Or et je m'inclinai devant tant de grâce. Elle rit et se déplaça légèrement jusqu'à moi pour me saluer. Je me sentais lourd et maladroit en sa présence. Ils me firent asseoir à la table puis s'affairèrent pour préparer le repas composé des produits de la forêt. Ce fut une des plus agréables soirées de mon existence. Mes hôtes m'apprirent de véritables trésors sur la forêt et sur eux-mêmes. Ils finirent la soirée en chantant de merveilleuses chansons et j'allai me coucher plein d'entrain et de joie de vivre.

Le matin venu, après une nuit réparatrice, je fis part à mes hôtes de mon désir de rejoindre Bree. Ils m'indiquèrent un chemin qui traversait les Galgals, terre jouissant d'une plus sinistre réputation encore que la Vieille Forêt auprès des Hommes et des Hobbits. Selon eux je ne craignais rien tant que le soleil brillait. Je les remerciai chaleureusement et remontai sur Trotteur. Je leur fis un signe de main en m'éloignant et ils m'accompagnèrent un moment de leurs chants enjoués.

Précédent
Les Hauts des Galgals

Réactions


Personne n'a encore réagi. Soyez le premier.

Que pensez-vous de Le Seigneur des Anneaux Online ?

1174 aiment, 181 pas.
Note moyenne : (1415 évaluations | 106 critiques)
8,0 / 10 - Très bien
Evaluation détaillée de Le Seigneur des Anneaux Online : Les Ombres d'Angmar
(861 évaluations détaillées)

Evaluer ce jeu

1700 joliens y jouent, 3718 y ont joué.