Les éditions Pocket publient la nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux

Presque un an après les éditions Bourgois, Pocket bénéficie à son tour de la nouvelle traduction du triptyque de J.R.R Tolkien "Le Seigneur des Anneaux" par Daniel Lauzon.

Le SdA éditions Pocket
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Dès le jeudi 14 septembre, vous pourrez découvrir cette nouvelle traduction aux éditions Pocket et il vous en coûtera 7€80 par volume. 

Ainsi,  il vous sera possible de vous plonger dans la ré-écriture de Daniel LAUZON - travail initié dès 2012 avec Le Hobbit et  qu'il a poursuivi sur le Seigneur des Anneaux.

Cette version, se veut plus en phase avec les indications de traductions qui avaient été laissées par Tolkien, mais aussi avec l'univers de la Terre du Milieu. A l'époque de la première traduction  en français par Francis Ledoux, ce dernier n'avait pas tous ces éléments en sa possession ce qui a pu donner lieu à quelques incohérences.

Si bien évidemment cette nouvelle lecture ne modifie en rien l'histoire, le changement est plus à chercher dans la cohérence de l'univers, dans un style peut être plus actuel mais aussi plus proche de la version anglaise. 

Le seul bémol pour les lecteurs les plus anciens et assidus du Seigneur des Anneaux réside dans les changements de noms de personnages et de lieux qui peuvent dérouter. Nul doute qu'après plusieurs lectures (et notamment arrivés à la fin des trois volumes) ces petites gênes se seront envolées ou en tout cas amoindries.

Une bonne occasion en tout cas, pour replonger dans cette épopée, qui en matière de MMO nous tient en haleine depuis maintenant 10 ans. 

(NdR : bien que les éditions Pocket indiquent sur leur site une parution le 14 septembre, le livre n'est annoncé disponible sur les différentes grandes plateformes qu'à partir du 21 septembre.)

Le SdO Editions Pocket
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Quelques extraits :

Extrait du Seigneur des Anneaux, V,8 : “Les Maisons de Guérison” 

Aragorn s’agenouilla alors auprès de Faramir et posa une main sur son front ; et les observateurs sentirent qu’une formidable lutte était en train de se jouer. Car le visage d’Aragorn devint gris de fatigue ; et de loin en loin, il appelait le nom de Faramir, mais ses appels se faisaient toujours plus faibles à leur ouïe, comme si Aragorn lui-même s’éloignait d’eux, marchant dans quelque vallée lointaine et ténébreuse, appelant une âme égarée.

Il prit alors deux feuilles, qu’il déposa dans ses mains, puis il souffla dessus et les écrasa ; et d’emblée, une fraîcheur vivifiante embauma toute la pièce, comme si l’air même s’éveillait et picotait, pétillant de joie. Alors, il jeta les feuilles dans les bols d’eau fumante qu’on lui avait apportés, et tous les cœurs aussitôt s’apaisèrent. Car le parfum qui vint à chacun était comme le souvenir de matins humides de rosée et gorgés de soleil, dans un pays où la beauté printanière du monde n’est elle-même qu’un souvenir fugitif. Mais Aragorn se leva comme revigoré, et ses yeux souriaient tandis qu’il tenait l’un des bols devant le visage de Faramir, tout enveloppé de rêves.

Et la nouvelle ne tarda pas à se répandre hors de la Maison, disant que le roi était bel et bien parmi eux, et qu’après avoir livré la guerre, il apportait la guérison ; et le bruit courut à travers la Cité.

Mais Aragorn vint auprès d’Éowyn et dit : Quand je la vis pour la première fois et que je perçus sa tristesse, j’eus l’impression d’être devant une fleur blanche, fière et droite, gracieuse comme le lis ; mais je la savais dure, comme l’acier ouvré par les forgerons elfes. Ou était-ce, peut-être, un gel qui en avait glacé la sève, et se tenait-elle ainsi, douce-amère, encore belle à voir, mais souffrante, près de s’étioler et de mourir ? Son mal ne date pas d’aujourd’hui, bien au contraire, n’est-il pas vrai, Éomer ?

J’ai, peut-être, le pouvoir de guérir son corps et de la rappeler du sein de la vallée ténébreuse. Mais à quoi elle s’éveillera, à l’espoir, à l’oubli ou au désespoir, je ne puis le dire. Et si c’est au désespoir, alors elle mourra, à moins que vienne une autre guérison que je ne puis lui apporter. Hélas ! car ses exploits l’ont portée au rang des plus grandes reines. ;

Alors, Aragorn se pencha sur elle et scruta son visage, et celui-ci était en vérité d’un blanc de lis, d’un froid de givre et d’une dureté de pierre, telle une image gravée. Mais Aragorn se courba et lui baisa le front, et il l’appela doucement, disant : Éowyn fille d’Éomund, réveillez-vous ! Car votre ennemi est mort ! ;

Elle ne remua pas, mais sa respiration se fit plus ample, de sorte que sa poitrine s’élevait et retombait sous le drap de lin blanc. Aragorn écrasa deux nouvelles feuilles d’athelas et les jeta dans l’eau fumante ; et il lui baigna le front de cette eau, ainsi que le bras droit, lequel gisait, froid et inerte, sur le couvre-lit.

Peut-être Aragorn détenait-il en vérité un pouvoir oublié de l’Occidentale, ou peut-être étaient-ce seulement ses paroles à l’endroit de la dame Éowyn qui agissaient sur eux ; mais tandis que la douce influence de l’herbe se répandait dans la pièce, il sembla aux spectateurs qu’un vent pénétrant soufflait par la fenêtre, et qu’il n’avait pas d’odeur : c’était un air tout à fait frais, et pur, et jeune, comme si aucun être vivant ne l’avait encore respiré, un air neuf venu du sommet de montagnes neigeuses sous un dôme d’étoiles, ou de rivages argentés au loin, baignés par une mer d’écume.

Réveillez-vous, Éowyn, Dame du ROHAN ! répéta Aragorn ; et il prit sa main droite dans la sienne et la sentit reprendre chaleur et vie. Réveillez-vous ! L’ombre est partie et toutes ténèbres sont lavées ! ; Alors, il plaça la main de la jeune femme dans celle d’Éomer et s’éloigna. Appelez-la ! ;, dit-il, et il passa silencieusement hors de la chambre.

Gandalf et Pippin arrivèrent à la chambre de Merry, et ils trouvèrent Aragorn debout à côté du lit. Pauvre vieux Merry ! ; s’écria Pippin, et il courut à son chevet ; car il lui semblait que Merry avait encore plus mauvaise mine, que son visage était plombé de gris, comme sous le poids de nombreuses années de chagrin ; et une peur le saisit tout à coup, car il crut que Merry allait mourir.

Ne craignez rien, dit Aragorn. Je suis venu à temps, et je l’ai rappelé à nous. Il est fatigué, à présent, et en peine, et il a reçu une blessure comme celle de la dame Éowyn en osant frapper cet ennemi mortel. Mais ces maux peuvent s’amender, car c’est une âme courageuse et pleine de gaîté. Il n’oubliera pas sa peine ; mais plutôt que d’assombrir son cœur, elle lui apprendra la sagesse. ;

Alors, Aragorn posa une main sur la tête de Merry, et, la passant doucement à travers ses boucles brunes, il effleura ses paupières et l’appela par son nom. Et quand l’odeur d’athelas envahit la pièce, comme une senteur de vergers, et un parfum de bruyère sous le soleil plein d’abeilles, Merry s’éveilla tout à coup et dit : J’ai faim. Quelle heure est-il ? ;

Une foule nombreuse s’était déjà massée aux portes des Maisons pour voir Aragorn, et elle le suivit ; et quand il eut enfin soupé, des hommes vinrent à lui, le suppliant de guérir un proche ou un ami dont la vie était en péril à cause de quelque mal ou blessure, ou qui était sous l’emprise de l’Ombre Noire. Et Aragorn se leva et sortit, et il fit venir les fils d’Elrond, et ils œuvrèrent jusqu’à tard dans la nuit.

Et quand il ne put œuvrer davantage, il s’enveloppa dans sa cape et se glissa hors de la Cité, et il regagna sa tente juste avant l’aube et dormit pour quelques heures. Et au matin, la bannière de Dol Amroth, nef blanche comme un cygne sur une eau bleue, flottait au sommet de la Tour ; et les hommes, levant la tête, se demandèrent si la venue du Roi n’avait été qu’un rêve.

 

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Le Retour du Roi, livre V, chapitre 6, 

Éomer avait retrouvé son sang-froid et sa présence d’esprit. Il fit sonner les cors pour rallier à sa bannière tous ceux qui pouvaient s’y joindre ; car il pensait dresser un grand mur de boucliers en dernier ressort. Résister, combattre au corps à corps jusqu’à ce que tous soient terrassés, et accomplir sur le Pelennor des exploits dignes d’être chantés, dût-il ne rester personne dans l’Ouest pour se souvenir du dernier Roi de la Marche. Il gagna donc une petite éminence verte et y planta sa bannière, et le Cheval Blanc prit le galop, ondoyant au vent.

Par-delà la pénombre et par-delà le doute,
je vis poindre le jour et l’espoir se lever,
chantant sous le soleil et dégainant l’épée.
À la fin de l’espoir je m’en fus chevauchant,
le jour près de faillir et le cœur de me fendre :
À moi, ruine et courroux, à moi le soir sanglant !

Il proféra ces vers, mais il riait en les prononçant. Car la soif du combat le dominait une fois de plus ; et pour lors il était indemne, et il était jeune, et il était roi, seigneur d’un peuple redoutable. Mais voici que, se riant du désespoir, il contempla de nouveau les navires noirs, et il leva son épée en signe de défi.

Lors ! la surprise le saisit, de même qu’une grande joie ; et il lança son épée en l’air ensoleillé et la rattrapa en chantant. Et tous les yeux suivirent son regard, et voyez ! sur le navire de tête, un grand étendard se déployait, flottant au vent, tandis que la nef entrait au Harlond. Un Arbre Blanc, emblème du Gondor, y fleurissait ; mais il était entouré de Sept Étoiles et surmonté d’une haute couronne : les signes d’Elendil, que nul seigneur n’avait portés depuis un nombre incalculable d’années. Et les étoiles flamboyaient au soleil, car elles avaient été cousues de gemmes par Arwen fille d’Elrond ; et la couronne brillait dans le matin, car elle était faite de mithril et d’or.

Ainsi vint Aragorn fils d’Arathorn, Elessar, l’héritier d’Isildur, par-delà les Chemins des Morts, porté par un vent de la Mer au royaume de Gondor ; et l’exaltation des Rohirrim fut un déluge de rires et un éclair d’épées, et la joie et l’étonnement de la Cité furent un chœur de trompettes et une sonnerie de cloches. Mais les armées du Mordor se trouvèrent plongées dans la confusion, et ce leur semblait une grande sorcellerie que leurs propres navires fussent remplis de troupes ennemies ; et une peur noire les envahit, car ils savaient que le flot du destin s’était retourné contre eux et que leur ruine était proche.

Les chevaliers de Dol Amroth se portèrent vers l’est, refoulant l’ennemi : les hommes-trolls, les Variags et les orques, haïssant la lumière du soleil. Éomer marcha au sud et les hommes fuirent devant lui, pris entre le marteau et l’enclume. Car sur les quais du Harlond, on sautait maintenant à bas des navires, et les hommes chargeaient en tempête vers le nord. Legolas était là, et Gimli armé de sa hache ; Halbarad portant l’étendard, et Elladan et Elrohir avec des étoiles au front ; enfin, les intraitables Dúnedain, Coureurs du Nord, à la tête d’un grand concours de valeureux du Lebennin, du Lamedon et des fiefs du Sud. Mais Aragorn venait en tête avec la Flamme de l’Ouest, Andúril tel un feu renouvelé, Narsil retournée à la forge et tout aussi mortelle qu’autrefois ; et l’Étoile d’Elendil brillait sur son front.

Éomer et Aragorn finirent donc par se rencontrer au milieu du champ de bataille ; et, s’appuyant sur leurs épées, ils s’entreregardèrent et furent heureux.

Ainsi nous nous retrouvons, quand même les armées du Mordor se dressaient entre nous, dit Aragorn. Ne vous l’avais-je pas dit à la Ferté-au-Cor ?

Certes, dit Éomer ; mais l’espoir déçoit souvent, et j’ignorais alors que vous étiez doué de prescience. Mais le secours que l’on n’attendait plus est doublement béni, et jamais il n’y eut de retrouvailles plus joyeuses. Sur quoi, ils se serrèrent la main. Ni de plus opportunes, reprit Éomer. Vous n’arrivez pas trop tôt, mon ami. Nos pertes sont grandes et notre peine l’est tout autant.

Vengeons-les dans ce cas, avant d’en parler ! ; dit Aragorn ; et de retour en selle, ils partirent ensemble à la bataille.

 

Illustration retour du Roi nouvelle traduction (Eomer)

Le Retour du Roi Extrait 3

Denethor faisait penser à un grand magicien, beaucoup plus que Gandalf, en fait : plus royal, plus beau, plus puissant ; plus vieux aussi. Néanmoins, par un sens autre que la vue, Pippin percevait que Gandalf détenait le plus grand pouvoir, la sagesse la plus profonde, et une majesté voilée. Et il était plus vieux, beaucoup plus vieux. De combien plus vieux ? se demanda-t-il ; mais le plus étrange était qu’il ne s’était jamais posé la question avant. Barbebois leur avait parlé des magiciens, mais, même alors, il ne s’était pas avisé que Gandalf pouvait être considéré comme tel. Qu’était Gandalf ? Dans quel lieu reculé, à quelle époque lointaine était-il venu au monde, et quand le quitterait-il ?

(...) Êtes-vous fâché contre moi, Gandalf ? demanda-t-il, alors que leur guide sortait et refermait la porte. J’ai fait de mon mieux. 
Assurément ! dit Gandalf avec un rire soudain ; et le vieillard s’approcha et se tint près de lui, posant son bras sur ses épaules et regardant par la fenêtre. Pippin tourna un regard quelque peu étonné vers le visage maintenant tout près du sien, car le son de ce rire avait été joyeux. Il ne vit là d’abord que des plis de chagrin et d’inquiétude ; mais en y regardant plus attentivement, il perçut que sous les traits du magicien se cachait une grande gaîté : une fontaine de joie capable de soulever tout un royaume d’allégresse, dût-elle jaillir soudain.

Illustration retour du Roi nouvelle traduction (Gandalf)

 

Source : https://www.pocket.fr/tous-nos-livres/romans/romans-etrangers/la_fraternite_de_lanneau-9782266282390/

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