Dans la gueule du MOOC
Il y a quelques mois, nous vous avions parlé d’un MOOC (acronyme barbare signifiant Massive Open Online Course – ou Cours Massivement Multiélèves) basé sur l’expérience de LOTRO. Ne reculant devant aucun sacrifice, nous y avons envoyé un rédacteur. Voici son histoire…
MOOC. Un cours en ligne ouvert à tous. Au premier abord, l’idée parait au mieux anecdotique, au pire totalement farfelue, lorsque l’on se base sur le pipotron que peut rapidement être un « e-learning » d’entreprise ou que l’on s’endort devant les rediffusions de conférences en ligne. Et lorsque le cours porte le nom racoleur de «Online Games : Litterature, New Media and Narrative » et annonce en grosses lettres sur sa page d’accueil qu’il s’appuiera sur LotRO, on hésite entre la franche hilarité et la tentation de s’inscrire juste pour rire et exploser tout parce que bon, LOTRO, ça fait 6 ans qu’on y joue, qu’on connait le jeu sur le bout des ongles et qu’en ce moment, il n’y a vraiment pas grand-chose de neuf sur le front du MMO… Allez, on finit par s’inscrire, et on verra bien ce que ça donne.
Je savais bien que j’aurais dû investir dans un exemplaire du Seigneur des Anneaux en VO…
Oui, parce que le cours entier est en anglais (c’est bête à dire comme ça, mais quelques étudiants semblent avoir débarqué dans le cours en pensant qu’il y aurait des versions localisées…). Si comme moi vous lisez régulièrement en anglais, ou regardez des films en VO non-sous-titrée (voire, travaillez en milieu anglophone), le cours est très compréhensible, le professeur et les étudiants de « TD » ayant peu d’accent (et des sous-titres sont disponibles), mais si vous êtes hermétiques à la langue de Shakespeare, passez votre chemin.
La première semaine est une sorte de mise en jambe, qui présente :
- l’œuvre principale (ou les œuvres, puisque le cours utilise justement les trois « versions » de la Communauté de l’Anneau, livre, film et bien entendu LOTRO),
- le premier concept du cours (la « remediation », ou retranscription d’un média dans un autre, qu’il s’agisse de la description d’une statue ou d’un tableau dans un livre, du rendu d’un texte dans un film…),
- la première « oeuvre au programme », un poème intitulé Ithaca, d’un auteur anglo-grec : Cavafy (vous n’en aviez jamais entendu parler ? Moi non plus).
La semaine se clôt sur un QCM (ou plus exactement deux QCM. A ce moment, on peut choisir entre le cours « de base », qui n’implique pas de jouer au jeu, et le cours « avancé », qui demande de réaliser des actions dans le jeu. Bien entendu, j’ai choisi le cours « avancé », du haut de mes quelques… hum… mois de /joué - ATTENTION : ne tapez jamais cette commande en jeu, sous peine de vivre quelques instants d’effarement devant le temps passé sur votre personnage. Enfin je vous aurais prévenus…).
Ces QCM étaient plutôt simples, si l’on a suivi les vidéos didactiques et que l’on a un peu de jugeote (c’est le gros défaut que je trouve aux QCM, qu’il s’agisse du Code, de tests de QI ou autres : généralement, ça fait autant appel au bon sens qu’aux connaissances réelles…). Bref, une première semaine simple, nette, sans bavure et l’on se couche en se disant que si le reste du cours est de ce tonneau, on va rouler dessus…
Tu t’y connais en poésie anglo-saxonne ?
A partir de la deuxième semaine, les choses commencent à se corser quelque peu. D’abord parce que le cours monte un peu de niveau : on attaque une autre œuvre : Childe Roland To The Dark Tower Came, et l’on bouffe donc ses premières dizaines de vers écrits dans un anglais ampoulé et plein de tournures alambiquées qu’on n’a généralement pas eu l’habitude de croiser dans ses cours d’anglais (à moins que vous ayez fait une fac de langues…).
Ensuite parce qu’on commence à nous balancer des références littéraires « classiques » qui font partie du bagage de l’étudiant anglo-saxon : James Joyce, Samuel Taylor Coleridge, Byron… Si comme moi vos références littéraires s’arrêtent à Shakespeare (et encore, traduit) ou à ce qui a pu être commis en littérature gothique et fantastique (Shelley, Stoker, PoE ou Wells), vous risquez d’être vite largués, même si l’on peut toujours essayer de raccrocher les exemples à son propre corpus de lectures (pensez quand même à réviser votre légende arthurienne – et pas seulement en regardant Kaamelott - avant de vous lancer).
Et puis dans le cours avancé, on se retrouve non seulement à faire des QCM, mais aussi à devoir faire des rédactions… Et c’est vachement frustrant, même quand on est relativement doué en anglais, de sentir qu’on n’arrive pas à exprimer très exactement ce que l’on souhaite, faute de connaitre suffisamment de champ lexical…
Ces « rédactions », il y en a trois dans le cours, une en deuxième semaine, une en quatrième et une en sixième (et dernière) semaine. Encore que, je dis « rédaction » pour faire simple, et parce que la rédaction pure est toujours une option. Mais en quatrième semaine, il y a également la possibilité de faire une vidéo et en sixième semaine… Shhhhh, spoilers, comme dirait le professeur Song (ouais, je case les références que je veux d’abord). Et mine de rien, qu’il s’agisse de faire une rédaction un peu recherchée ou de filmer/monter/commenter une vidéo, cela prend un peu de temps (en gros entre une et deux soirées, en fonction de ce que l’on veut faire - et ne perdons pas de vue qu’il faut que la narration soit en anglais…)
On peut sécher, mais à ses risques et périls
L’avantage d’un MOOC, c’est qu’on peut aller à peu près à son rythme.
A peu près seulement, car, si les QCM n’ont pas vraiment de date de fin ferme (il y a une date conseillée, mais la clôture réelle n’est pas faite avant la toute fin du cours), les devoirs à la maison du cours « avancé », eux, ont une semaine pour être rendus. Mais n’espérez pas vous tourner les pouces la semaine suivante : le système vous demande d’évaluer la production de vos petits camarades (vous évaluez trois copies au hasard, et êtes évalués par trois personnes). Et si vous oubliez, la sanction ne se fera pas attendre : la note de votre travail subira une décote de 20% (oui, je me suis fait avoir la première fois).
Si le système est intéressant pour l'organisateur (on comprend bien qu'il n'est pas humainement faisable de corriger des milliers - je n'ai pas les stats précises, mais avec 40000 inscrits, le nombre de copies rendues ne devait pas être négligeable), il laisse un peu l'élève sur sa faim pour peu qu'il tombe sur des évaluateurs peu motivés (ou ne parlant pas naturellement la langue. Je plains les gens dont j'ai eu à évaluer le travail...).
Et après ?
A la fin, si l'on a bien répondu aux questions et qu'on a bien fait ses devoirs, on gagne un joli diplôme, qui n'a aucune valeur académique (en tous cas pas pour celui-ci. Je crois que certains MOOCs sont assimilables à une vraie formation - moyennant finance, bien entendu), mais le joli logo d'une université (Vanderbilt dans mon cas, mais d'autres MOOC sont proposés par des noms bien plus prestigieux: MIT, Polytechnique, Stanford ou John Hopkins).
Au final, un MOOC, c'est un excellent outil pour appréhender certains concepts et se donner un vernis sur un sujet (ou pour se rafraîchir les idées, pour les gens qui suivent un MOOC sur des sujets qu'ils maîtrisent déjà partiellement). Il n'est pas question de devenir un expert sur le sujet, mais la forme permet une approche plus complète (et/ou moins rébarbative) qu'un article ou un dossier, en incitant les élèves à suivre le rythme global de l'enseignement (via le "contrôle continu") tout en accordant une flexibilité bien plus grande que celle que l'on pourrait avoir dans les cours du soir (fussent-ils télédiffusés).
Pour ceux que le sujet intéresse, vous pouvez vous inscrire pour être avertis de la prochaine session du cours Online Games: Litterature, New Media and Narratives en allant sur la page de Coursera
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